lundi 27 juin 2011

Lettre à Jacob.Rogozinski

Monsieur,

Vous trouverez ci-joint ma contribution à la Communication de Yan Ciret qui a dû vous éblouir  lors du colloque Debord auquel je n’ai malheureusement pu assister — croyez bien que je le regrette. Je vous serais obligé de bien vouloir la faire parvenir à l’intéressé.

Bien à vous.

X. L.

Ordures et décombres déversés par Yan Ciret à l’occasion du Colloque Debord organisé par l’Université de Strasbourg en 2007

Un colloque sur Debord ne saurait se concevoir sans la présence de Yan « big balls of fire » Ciret, sémillant spécialiste du "situationnisme", en général, et de Debord, en particulier dont il est un fervent propagandiste — et s'il n'en est pas « l'inventeur », c'est tout comme. La première phrase de sa Communication : L’Autodafé de Guy Debord, suffit à classer le sujet — pas Debord, son Cireur, bien entendu.

Ainsi : « L'apologétique du nihilisme de Guy Debord ne défend pas le néant, elle s'oppose à lui par les mêmes moyens et use de ses méthodes. » C'est la « méthode » Ciret dans toute sa splendeur : en jeter — et pour en jeter, il en jette ! Comme on va le voir la cours est vite pleine — et la coupe par la même occasion. Passons sur : « Son discours, issu de la rhétorique militaire » : s’il est vrai que Debord use volontiers de la métaphore militaire, il n’était pas le fils de l’adjudant Gueule-de-bois, que je sache ; ou sorti de la cuisse de Saint-Cyr. Poursuivons un peu plus avant — « Nous irons plus loin sans avancer jamais. » —, après que le discours debordien se soit déployé majestueusement dans « une variété de stratégies, qui fait d’un repli, une attaque, et d’une offensive, sa négation [et inversement, bien sûr]. » : « Cet infini de principes contient sa contradiction, il la serre en lui-même faisant de l'ombre du négatif sa proie fugitive. [...] La destruction, le feu originaire d'Héraclite, que Guy Debord reprend à son compte, en sont le principe de mouvement perpétuel, ainsi que l'eau qui dissout la flamme de l'action dans le brasier du temps. Ils sont à la fois l'axe agissant et l'orbe létal autour duquel, tourne le néant qui affirme sa présence. » On en est sans voix devant la puissance d’un tel organe — big balls — et on reste carbonisé par une telle dialectique de feu.

Mais ressaisissons nous et tentons une explication de texte — nécessaire en l'occurrence, on en conviendra. Allons-y. Donc, en substance, si l'on peut dire : Debord est un nihiliste qui n'est pas partisan du néant — ça serait trop facile — il n'est donc pas nihiliste mais il s'oppose au nihilisme en utilisant toutefois les « méthodes » et les « moyens » du nihiliste qu'il reste malgré tout. Il est fort quand même ce Ciret ! Continuons. Le nihiliste Debord a repris « à son compte » — dans un moment d'égarement éthylique sans doute — « la destruction et le feu » d'Héraclite — qui avait dû malheureusement fermer boutique ; suite à une cessation de son commerce avec la vie — ; il a dû se mettre à l'eau aussi — ce qui était plus difficile pour un pochetron de son envergure — « qui dissout les flammes » (sic) — on savait que l'eau peut dissoudre le fer ("et le fer à dix sous, c'est pas cher, hein !") ; mais quant à dissoudre "les flammes"… ; il est vrai que ce sont « les flammes de l'action » sorties directement du « brasier du temps », bien évidemment : alors... Mais c'est un domaine où nous préférons ne pas nous aventurer et que nous laisserons donc au bouillant Ciret — qui semble, quant à lui, ignifugé.

Alors, que dire de plus, après un tel feu d’artifices verbeux ? Rien — bien que nous ne soyons pas nihiliste non plus.

Xavier Lucarno

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