jeudi 15 décembre 2011

Une lecture alchimique d’In girum imus nocte et consumimur igni / 1

1. Précision

Je ne prétends pas que Debord a construit sciemment son film comme un opus alchemicum. Il est peu probable qu’il ait eu une connaissance approfondie de l’alchimie et de ses arcanes ; mais il pouvait parfaitement en connaître suffisamment les symboles pour pouvoir les utiliser avec plus ou moins de pertinence dans l’écriture de son film. Si l’on ajoute que l’alchimie fonctionne comme une métaphore universelle qui de ce fait peut s’appliquer dans tous les domaines, on ne s’étonnera pas de la retrouver pour cette fois dans un film. On peut citer en outre de nombreux exemples d’un usage de la clef alchimique dans différents domaines. C’est ainsi que Dom Pernety, à la suite de Michaël Maïer, fait une lecture alchimique de l’ensemble de la mythologie grecque et égyptienne ; plus près de nous Eugène Canseliet en a proposé une de Swift, Rabelais ou Rimbaud, entre autres. Certains pourront, bien sûr, parler à ce propos d’une sorte de délire d’interprétation, il n’empêche que ce « délire » fonctionne et remplit parfaitement son rôle explicatif. Dans le domaine purement littéraire, il faut évidemment citer Finnegan’s wake de James Joyce qui est sans doute l’exemple le plus remarquable de la transposition de l’opus alchemicum dans un roman qui tel l’Ouroboros se boucle sur lui-même de façon à ce que la matière textuelle chaotique ainsi mise en mouvement trouve, à travers les lectures réitérées qui doivent en être faite, sa perfection quintessentielle.


(À suivre)

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