lundi 13 février 2012

Sollers / Debord : Histoire d’une idylle contrariée / 1


Prologue

On sait que Philippe Sollers — dit : la morue bordelaise — célèbre pensionnaire de la non moins célèbre maison Gallimard s’était malencontreusement pris, sur le tard, d’une passion pour Guy Debord que l’on peut certainement qualifier de malheureuse puisqu’elle ne fut pas payé de retour. Malgré toutes les avances qu’il fit dans sa direction, Guy l’ignora superbement et ne daigna même pas lui faire l’aumône d’une lettre voire d’un mot — même pour lui signifier son refus de cet amour contre nature. Pourtant Philippe ayant appris que Guy cherchait un éditeur avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour s’entremettre et lui faire ouvrir les portes de la prestigieuse maison où il officiait : en vain ; et il dut même subir l’affront de l’y voir introduit par un concurrent, pauvre Philippe ! Pourtant, s’il ne sut pas charmer Guy de son vivant, Philippe qui était tout sauf rancunier — et qui était toujours très épris — réussit néanmoins à réaliser un film — mauvais, il faut bien le dire — pour la télévision à la gloire de son idole, après la disparition de celui-ci, grâce à la bienveillance de ses héritiers qui ne voulurent pas se montrer plus cruels encore avec l’amoureux éconduit et l’autorisèrent donc à réaliser ce malheureux témoignage de sa dévotion. Depuis Philippe, fidèle par delà la mort à cette inclination irrésistible qui l’avait poussée vers Guy en qui il avait reconnut un alter ego, n’a jamais hésité, chaque fois qu’il en a eu l’occasion, à mettre sa notoriété au service ce « frère » qui n’avait pas voulu le reconnaître. C’est cette édifiante histoire que nous nous proposons de raconter.

(À suivre)

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