mardi 9 octobre 2012

Richard Millet est fatigué / 5



« L’assimilation du corps étranger est un principe vital autant que mystique, et non juridique. Elle suppose un renoncement à l’origine ‘ou la perception de celle-ci en tant que dimension sacrificielle du renoncé) au profit d’une origine à venir et cependant déjà acquise : le consentement absolu qui ne peut avoir lieu que par une métamorphose onomastique du nom d’origine […]. » Fastoche : il suffit que tous ceux qui s’appellent Ali se fassent appeler Albert.

Nous allons à présent assister à un cours de « néo-français ». Définition : « Qu’est-ce qu’un néo-français ? Non pas tant comme on pourrait le croire, un immigré extra-européen et assimilable [C’est extra, c’est extra], qu’un français de souche entré dans la fatigue du sens – dans ce reniement de soi qu’est le refus de l’immémoriel, de l’obscurité du sang qui s’éclaire du consentement à l’héritage : le devoir d’hériter contre le « devoir de mémoire » sélectif et idéologique. » Count me out, nous prévient le Millet : « La communauté qui vient n’est pas la mienne. L’étranger, l’immigré, le nomade ne sont pas mon prochain. [Je ne suis pas une communiste ; je ne suis pas une cycliste ; je ne suis pas une [islamiste] ; je ne suis pas une footbaliste…] Les néo-français non plus. De moi-même, je ne suis proche que par anticipation ou souvenir. Je vis dans la faille, sinon dans la faillite des nations. Je tâche de ne pas tomber dans une haine où je finirais par me haïr moi-même. » Pauvre Millet, qu’as-tu fais de ton talent ? Le malheureux a peur de « tomber » alors qu’il est déjà au fond du trou — en plus, il se prend pour un super-français.

(À suivre)

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