mardi 11 décembre 2012

Guy Debord et l’Internationale situationniste – Sociologie d’une avant-garde « totale » / Commentaire 16



Dans le « champ de la politique révolutionnaire » l’I.S. va se retrouver en concurrence avec des « gauchistes » ; ce qui était évidemment plus confortable et plus facile que de continuer d’essayer de se dépêtrer à nouveaux frais dans l’avant-garde artistico-littéraire en pleine surenchère (et en pleine décomposition). Elle n’aura donc pas de mal à briller face à ces pâles concurrents. C’est ainsi que l’I.S. apparaissant et se présentant comme le nec plus ultra du gauchisme — il s’agissait bien de ne pas se faire doubler sur sa gauche — connaîtra le succès que l’on sait. Il faut bien reconnaître que ces situationnistes-là étaient effectivement des « gauchistes » plus intelligents que les autres. Il suffit d’ailleurs de lire n’importe quelle publication gauchiste de l’époque et de la comparer à ce que l’I.S. — c’est-à-dire surtout Debord, en l’occurrence — pouvait produire en matière de rhétorique révolutionnaire pour s’en convaincre.

À partir de là, il est plus facile de comprendre le passage de Debord à Socialisme ou Barbarie — ou son intérêt pour les dissidents, anarchistes ou autres, qu’il cherchait attirer dans son orbite. Cela n’a rien de condamnable : c’est ce qu’il pouvait faire de mieux — étant donné la direction qu’il avait décidé de prendre — pour conserver son rang, et préserver ainsi la réputation de l’I.S. Mais ce n’était pas suffisant en regard de la « période héroïque » dont il gardera à jamais la nostalgie : In girum en est le témoignage éloquent.

Nous verrons cela dans la suite — avant de revenir au début le l’histoire : là où tout à commencé.

(À suivre)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire