lundi 8 avril 2013

Les (biens) bonnes histoires (didactiques) de Tonton Jean-Pierre



Che fus l’anche tu pizare te l’ifrogne Teuport. Entre 1967 et 1677, j’eus dix minutes de discussion avec Debord, dix minutes à la suite desquelles il me demanda : « Me prends-tu pour un imbécile. » J’aurais dû en effet. (le casus belli portait sur le terme « réflexion » et à cette époque je n’avais lu ni Frege ni Bolzano) Le reste du temps, ce ne fut que bavardage et beuverie (quelles magnifiques cuites). / À part les miroirs, il n’y a pas de réflexion, il n’y a pas de conscience de conscience (il n’y a pas de conscience du tout d’ailleurs, c’est une invention de psychologue), il n’y a pas d’apparition d’apparition, de vison de la vision, de goût du goût, d’odeur de l’odeur, de toucher du toucher, de son du son, de compréhension de la compréhension. Il n’y a qu’objets, objets, objets. Depuis cent ans, la conscience est censée être conscience de quelque chose. Qu’elle soit conscience de quelque chose implique qu’elle ne soit pas quelque chose. Or la manifestation est le privilège des choses. La manifestation ne se manifeste pas. Le prétendu nom « la conscience » est un de ces pseudos noms sans objet, sans référent, que le bétail, docile, répète comme une machine à prière. Ce pseudo nom n’est même pas le nom d’une classe. C’est abusivement que l’on parle de réflexion. Pour qu’il y ait réflexion il faudrait qu’il y ait apparition de l’apparition par exemple, ce qui n’est pas le cas. Il y a seulement apparition de quelque chose. L’apparition n’apparaît pas. « Il est conscient » a un sens, le substantif « la conscience » n’en a pas. / La compréhension n’étant pas calculable (Penrose) implique que les machines ne comprennent pas. Or suivre une règle présuppose de comprendre la règle. Donc les machines sont incapables de suivre une règle. De ce fait, elles ne peuvent pas faire d’erreur, elles ont seulement des pannes. L’erreur est humaine. Une machine, jamais, n’abolira l’apparence. / C’est pourquoi une machine, jamais, ne parviendra à apprendre le français. Pour apprendre le français il faut subir un dressage et au cours de ce dressage suivre méticuleusement des règles, c’est à dire comprendre, ce qu’est incapable de faire une machine ou un calcul. Il faudra apprendre, notamment, le classement du monde. Même si vous connaissez le classement du monde en russe, il vous faudra le réapprendre en français. Après de longues années d’apprentissage, on ne se souciera plus des règles. Il en est de même pour toutes les activités humaines. Ainsi ont fait Fumie Onda et Jean-Michel Kim qui ont commencé le piano à cinq et huit ans. Aujourd’hui, ce sont de libres pianistes complètement affranchis des règles qui sont pour eux comme une seconde nature. / Si, en 1968, vous faites un film aussi scélérat que Rose Mary Baby, ne vous étonnez pas si en 1969 on éventre votre femme enceinte (Sharon Tate, qui posait nue dans Play Boy). Inévitable châtiment de la scélératesse. La Mérique en général est cochonne. La Mérique est le pays des cochons (du même nom que la fameuse baie où les cochons furent repoussés).

(Le knock-blot de Mr Ripley)

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Comme on le voit, la vie est toujours verte — et l’herbe le redevient — dans la gentilhommière où Mr Ripley s’amuse (comme il pleut).

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