mardi 2 avril 2013

Les points sur les « i » de Sanguinetti – Extraits et Commentaires / 2



Sanguinetti poursuit : « Le sommet de l’hypocrisie et de la fausse conscience ne fut atteint que deux mois plus tard, quand Guy, feignant l’innocence scandalisée, écrivit ce qui suit à Lebovici, le 18 octobre1981 : “Connaissez-vous le dernier Voyer ? Il en vient à inciter au meurtre de Sanguinetti, tout en insinuant qu’il travaille délibérément pour la police italienne” Voyer, qui avait toujours été fou, avait publié un manifeste dans lequel il disait, parmi d’autres choses : “La question qui se pose justement à propos de Sanguinetti est : comment se fait-il qu’il soit encore en vie et libre ? Après tout c’est peut-être un agent des services secret” Mais malgré sa folie, Voyer ajoutait honnêtement : “Il faut que l’auteur de ‘Protestation’ applique à lui-même la méthode qu’il applique à Sanguinetti. Il faut laisser à ce dernier le mérite d’avoir dénoncé l’usage spectaculaire du terrorisme stalinien en Italie. (Jean-Pierre Voyer, Réponse à l’auteur de ‘Protestation devant les libertaires du futur sur les capitulations de 1980’, Paris, 7 octobre 1981)” »

Il faut s’arrêter ici sur la façon mensongère et ignominieuse dont Debord met Voyer en cause ; et sur le fait que Sanguinetti lui rend justice puisqu’il reconnaît par ailleurs son honnêteté. Il n’empêche qu’il se trouve être d’accord avec Debord pour considérer Voyer comme un fou. À ce propos, on notera sans surprise le ralliement du « petit milieu » philo-situationniste au diagnostique de Debord sur le « cas Voyer ». Il faut pourtant rappeler que Voyer a longtemps été l’homme de confiance de Debord : pourquoi celui-ci aurait-il accordé sa confiance à quelqu’un qu’il considérait comme un fou ? On ajoutera que les gens qui ont personnellement connu et fréquenté Voyer n’ont pas été frappé ce côté-là de sa personnalité : « Nous n'avons jamais vu […] cet aspect qui semble tellement évident pour les autres. », m’écrit un correspondant qui l’a pratiqué.

Revenons à la mise au point de Sanguinetti. Il remet en question la relation que Debord a faite de certains événements dans le but d’alimenter la légende qui plait tant aux amateurs d’histoires héroïques. Par exemple : « Il est passablement comique qu’ils soient presque unanimement d’accord sur l’idée que le départ de Guy d’Italie (parmi d’autres choses) fut causé par une sombre persécution ou une expulsion dont il aurait été victime en 1977. En fait, son départ, qui eut lieu avant le projet Censor, fut la conséquence d’une série de faits prosaïques : déconvenues avec les Florentines, irritation parce qu’on lui ait coupé le chauffage à Florence au milieu de l’hiver ; parce que quelqu’un avait volé le vin de la cave du curé de Pieve di San Cresci où il résidait ; banals problèmes d’argent me concernant, etc. Ainsi, il y a une foule d’erreur de ce genre dans les tombeaux et monuments érigés à sa gloire, travaillant tous à la fabrication d’une légende et d’un mythe. »

(À suivre)

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