jeudi 2 mai 2013

Cryptanalyse d’In girum / 1



Introduction

« On m’avait parfois reproché, mais à tort je crois, de faire des films difficiles : je vais pour finir en faire un. » Il faut certainement prendre au sérieux cette déclaration liminaire faite par Guy Debord dans son film testamentaire. Cependant, le « spectateur » averti va néanmoins se trouver devant cette évidence que le film ne présente, à première vue, aucune difficulté particulière : après le Prologue, il assistera à la classique « Vie du héros » raconté par lui-même, qui déroule chronologiquement ses « aventures » : de sa « jeunesse rebelle » à l’échec final de ses « prétentions démesurées ». Se pose alors le problème de la nature cette difficulté annoncée. Elle ne saurait résider dans le défaut rédhibitoire qui disqualifie le « spectateur » et lui interdit tout accès à une œuvre qui, en tout état de cause, n’était pas faite pour lui. « À qui se fâche de ne pas comprendre toutes les allusions, ou même qui s’avoue incapable de distinguer nettement mes intentions, je répondrais seulement qu’il doit de désoler de son inculture et de sa stérilité, et non de mes façons ; il a perdu son temps à l’Université, où se revendent à la sauvette des petits stocks de connaissances abîmées. », poursuit Debord. Mais ses « intentions » ne sont pas si mystérieuses ; et quant aux «allusions », il n’est pas besoin de les saisir toutes pour suivre le film. C’est donc que la difficulté se trouve ailleurs. Et où serait-elle si ce n’est dans la structure même du film ? Il faut alors s’intéresser à la manière dont il est construit ; et pour cela commencer par le déconstruire afin de le ramener à ses éléments constitutifs. C’est ce nous nous proposons de faire dans un premier temps. Il s’agira ensuite de suivre le chemin inverse ; et, pour ne pas errer, de découvrir la méthode qui a pu présider à leur agencement particulier. Le palindrome-titre sera notre Béatrice.

(À suivre)

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