dimanche 18 août 2013

À propos de : Debord, etc. / 3



Après avoir réglé ses comptes avec le sous-commandant Martos qu’il a connu alors qu’il n’était encore qu’un aspirant — mais il ne faudrait pas accabler outre mesure le pauvre Gefu qui ne fut jamais qu’un petit soldat perdu monté en grade avec lequel le vieux Debord a trouvé plaisant de jouer un moment avant de s’en débarrasser — l’anonyme passe à l’analyse de la Correspondance qui est certainement essentielle pour comprendre Debord — même si c’est une correspondance sélective : le choix de ce qui est montré si complaisamment est en lui-même révélateur.

Voilà quelques-unes des réflexions qu’elle inspire à l’anonyme.

« La raison pour laquelle cette Correspondance ne contient que des lettres de Debord à un certain nombre de personnes (et non les réponses desdites personnes ou les missives qui ont entraîné les réponses de Debord), de mâles en général, est ultrasimple. […] il n’y a qu’un motif à cette unilatéralité : l’égocentrisme exacerbé. Debord progressa avec une belle régularité et une grande constance sur la voie de la mégalomanie. »

« Le manque à peu près total de sincérité dans la Correspondance de Debord est lié à la conviction que les lettres seront publiées un jour, ou qu’elles risquent de l’être. » Mais la sincérité n’est certainement pas ce qu’il faut s’attendre à trouver chez Debord ; et ce d’autant moins qu’elle est affirmée. On peut ajouter aussi que Debord, dès le début de sa carrière, s’est employé à façonner l’image que la postérité devait retenir de lui — le soin qu’il a mis à faire des doubles de ses lettres, à tout archiver et classer : photos, textes, coupures de journaux en sont la preuve. Il est assez évident que cette Correspondance vient en quelque sorte couronner le travail. Cependant, il peut arriver que, lorsqu’on a une très haute idée de soi-même, on donne justement à voir les côtés les plus contestables — voire détestables — de sa personnalité en les présentant comme admirables parce qu’on les considère comme tels. « Le léopard meurt avec ses tâches » dont il est fier — ce qui n’exclut pas un toilettage mortuaire, bien au contraire.

« Le véritable intérêt de la Correspondance de Debord c’est sans doute qu’elle est un réservoir inépuisable, involontaires et quasi insurpassable d’exemples de mauvaise foi. C’est un florilège exceptionnel, une collection sans égale en quantité et en qualité de petites et de grandes hypocrisies. C’est aussi l’occasion de franches rigolades. »

« En général, on peut édicter cette règle à propos de la Correspondance qui nous occupe : plus une lettre est de mauvaise foi, plus elle est longue (il y en a aussi de mauvaise foi qui sont courtes, des lettres plus longues qui ne sont nécessairement pas de mauvaise foi ; corollaire : une missive (sauf exception) de mauvaise foi est aussi agressive (exemples entre autres dans la Cor. 5 : 1975-76). »


(À suivre)

1 commentaire:

  1. Etes-vous parvenu a identifier l'auteur? Malgre mes efforts et une lecture attentive, je n'ai pas reussi...

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