mardi 1 octobre 2013

Petit Mémoire sur le passage de Guy Debord à travers quelques échantillons représentatifs de la littérature de notre temps



Il faut évidemment citer, en premier lieu, les deux romans de Michèle Bernstein dont il constitue le personnage central sous le nom de Gilles : Tous les chevaux du roi (1960) ; et : La Nuit (1961) — mais c’était une production maison, pour laquelle Debord aurait lui-même passé commande à son épouse. Les deux livres ont été publiés par Buchet-Chastel qui publiera ensuite La Société du spectacle — Buchet était d’ailleurs un fan des situationnistes en général et de Debord en particulier ; il aimait aussi beaucoup Michèle Bernstein.

Citons ensuite, Gérard Guégan avec Les Irréguliers (1975). Le « menteur Guégan » officiait alors à Champ Libre dont il était le co-fondateur et qui avait publié son premier roman : La Rage au cœur (1975). Dans Les Irréguliers Debord apparaît sous les traits d’Antoine Peyrot, théoricien ultragauchiste, dirigeant d’un groupuscule qui passe à l’action directe. Debord avait peu apprécié d’être ainsi caricaturé dans ce mauvais roman — ce qui explique sans doute que celui-ci n’ait pas été publié par Champ Libre mais par Lattès.

Il faut réserver une place à part à Blocus Solus (1996) de Bertrand Delcour. Certes pas pour la qualité du livre. C’est est un polar assez vulgaire et opportuniste qui veut surfer sur la vague médiatique qui a suivi la disparition du leader situationniste. Debord, alias Bordeux, « fondateur du simulationnisme » est retrouvé mort « alors qu’il s’apprêtait à livrer un manuscrit explosif à son éditeur». Celui-ci charge un privé d’enquêter sur ce suicide qu’il trouve suspect. Tout cela est à peu près sans intérêt et mal écrit. Cependant, le livre paraît dans la Série Noir de Gallimard éditeur de Debord. Ce qui fournit un bon prétexte à Alice pour claquer la porte de l’éditeur coupable d’avoir prêté la main à d’un tel forfait. Et l’occasion voulue de passer à Arthème Fayard avec l’essentiel des inédits de Debord. Mais les voies de l’édition bien comprise sont tortueuses. Gallimard récupérera malgré tout les Enregistrements magnétiques qui passeront ainsi sous le nez d’Allia qui aurait dû les publier.

Debord fait également de brèves apparitions dans les polars de Patrick Mosconi, ami de longue date de la famille, et à ce titre responsable de l’édition Arthème Fayard de la correspondance de Debord. Le Chant de la mort, une biographie habitée de Geronimo est dédié : À Alice et Guy, les visiteurs du soir…

Plus près de nous, il y évidemment le Cure-dent et Haute époque de Jean-Yves Lacroix, sur lesquels je ne reviendrai pas. Il ne faut pas oublier non plus Château-Rouge Hôtel de Renaud Burel dont j’ai aussi parlé.

Et last but not least, il y a Guy, de moi-même actuellement en cours d’écriture qui, si le je termine, sera une évocation des années de l’internationale lettriste ; et plus particulièrement de la relation brève et intense entre Guy et Ivan.

2 commentaires:

  1. http://alexandre.clement.over-blog.com/article-guy-debord-heros-de-romans-120066585.html

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    1. Merci, pour le lien avec le blog d’Alexandre Clément. J’ignorais le roman de Patrick Haas.

      Pour revenir sur le prétexte qu’a constitué Blocus Solus, on peut penser que l’opération avait été concertée avec Debord lui-même avant son suicide. En effet, on peut remarquer qu’elle intervient après que Gallimard ait réédité tous ses livres qui étaient précédemment chez Champ Libre. Ils étaient donc à nouveau disponibles chez un éditeur prestigieux (et solide), certes, mais que Debord avait grossièrement insulté en lui signifiant qu’il n’aurait « plus jamais un seul livre d’un situationniste » — ce en quoi il a tenu parole, d’une certaine manière, puisque quand il s’est tourné vers Gallimard il n’était plus situationniste puisque l’I.S. n’existait plus. En lui retirant, les inédits, Alice faisait un nouvel affront à Antoine qui, pour la seconde fois, l’avait dans le cul.

      J’en profite pour rajouter à la liste Les Entretiens avec le Professeur X que le lecteur pourra retrouver, pour peu qu’il l’y chercher dans les profondeurs de mon blog. C’est une histoire de cul, pour l’essentiel, entre la chroniqueuse littéraire d’un grand quotidien du soir et le narrateur, dans laquelle apparaissent à la fois Debord et Sollers.

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